Les Échos de l’Académie

Académie des Sciences, Agriculture, Arts

et Belles Lettres d'Aix-en-Provence

N° 7 – 27 mai 2020

 

Sommaire

1. Éditorial ....................................................................................

2. Les travaux de l'Académie : Maurice Blondel ou la modernité retournée sur elle-même, par Marie-Jeanne Coutagne .........................................................

3. Portrait : Joseph Jacques Léon d'Astros, Docteur en Médecine et poète, par Jean Bonnoit

4. Tolstoï et les lettres françaises, par Jean Meyer ................

5. Les tambourinaïres aixois, par Christian Dureuil .............

6. Hommage à Emmanuel Sechiari, par Bernard Mille : ......

7. Emmanuel Sechiari : souvenirs d'un défenseur exemplaire du Patrimoine, par Pierre Dussol

8. Annonces et liens utiles ..........................................................

 

Le bureau de l'Académie s’est réuni et les réunions hebdomadaires ne reprendront pas avant le mardi 3 novembre 2020, début de la prochaine année académique. Les Français sont sortis de leur confinement depuis deux semaines, mais Les Échos de l’Académie ne vont pas cesser de paraître pour autant. Destinés au départ à maintenir des liens plus qu’amicaux pendant cette période inédite, nous leur entrevoyons un avenir prometteur.

 

D’abord, les Échos auront permis à chacun de s’exprimer différemment, avec une certaine spontanéité, une grande souplesse et peu de contraintes de temps ou même d’espace. Les Échos auront également permis d'évoquer des sujets que nos « formats » habituels rendaient malaisés à développer : portraits d’anciens académiciens toujours chers, anecdotes d'autrefois et savoureuses photos. Richesse de notre académie : Jean Meyer en constitue un excellent exemple, car nous ne connaissions que trop peu ce membre correspondant qui vit à Mexico, qui nous parle de Tolstoï et qui a déjà rédigé deux articles pour nous.

 

Enfin, nos Échos ont facilement remis l’accent sur certains aspects sympathiques de la vie aixoise : un salut vers les Tambourinaïres, un portrait de Léon d'Astros... Et puis ce numéro 7 évoque par deux fois la mémoire de notre très regretté confrère Emmanuel Sechiari, qui vient de nous quitter le 9 mai, bien trop jeune et bien trop vite.

" Il n'y aura pas de retour à la normale " : exact, car de nouvelles opportunités sont nées. À partir de ce numéro 7, les Échos de l’Académie reprendront les résumés de nos communications précédentes, telles que celle de Marie-Jeanne Coutagne a prononcée sur le philosophe Maurice Blondel. Cette communication avait eu lieu le 12 novembre 2019, et il ne sera plus nécessaire d’atteindre la sortie de notre bulletin pour en connaître la tenue.

 

Ainsi, grâce à nos Échos, tous les amis de l’Académie pourront se tenir au courant de notre activité. A une condition : que chacun d’entre nous s'exprime dans nos " colonnes " et fasse circuler l’information !

 

https://academiedaix.fr/

http://www.chateau-de-lourmarin.com/accueil/

Heureuse information de la part du Château de Lourmarin : il a rouvert ses portes " le jeudi 21 mai à 10 heures, avec joie ! "

 

2. Les travaux de l'Académie : Maurice Blondel ou la modernité retournée sur elle-même, par Marie-Jeanne Coutagne

 

Le mardi 12 novembre 2019, Madame Marie-Jeanne COUTAGNE a proposé à l’Académie une communication intitulée : « Maurice Blondel : ou la modernité « retournée » sur elle-même ». Le texte qui suit est le résumé de sa communication qui sera publiée dans son intégralité dans le prochain Bulletin de l'Académie.

 

Résumé, Madeleine Com , Secrétaire de séance adjointe

Quel est le parcours du « philosophe d’Aix » ?

Né en 1861 à Dijon, il poursuit de brillantes études secondaires puis supérieures qui lui ouvrent les portes en 1891 de l’École normale supérieure d’Ulm. Admis au concours de l’agrégation de philosophie en 1886, il enseigne alors successivement dans de nombreux lycées, avant d’obtenir un poste au lycée Mignet d’Aix. Il soutient sa thèse L’Action en 1893, est nommé maître de conférences à Lille. De retour à Aix comme chargé de cours à la faculté, où il est titularisé comme professeur en 1896, pour y enseigner jusqu’en 1927. De santé fragile, il est autorisé quelquefois à dispenser ses cours chez lui et vit jusqu’à sa mort en 1949 dans la maison acquise rue Roux-Alphéran

 

            

 

 

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Quant à la modernité « promotion du changement », c’est une modalité d’un présent qui ne cesse de se déplacer, qui se situe en rupture avec le passé. Elle se dissout dans la fluidité du temps et par sa situation perpétuellement critique. Blondel est profondément croyant et constate la rapidité de la sécularisation. Pour lui, la liberté humaine est acculée à un choix décisif : se suffire à elle-même ou consentir au transcendant. L’homme ne peut être pleinement ce qu’exigent les conditions de son action que si Dieu lui accorde librement d’être enfant de Dieu.

La vie de Maurice Blondel est sereine jusqu’à sa soutenance de thèse en 1893. Il traverse alors nombre d’épreuves car son verbe savant et clair n’est pas toujours reconnu. Sa thèse, à contre-courant des idées dominantes, n’est pas comprise. Sa philosophie s’enracine dans la question du sens : « La vie humaine a-t-elle un sens et l’homme a-t-il une destinée ? J’agis, sans même savoir ce qu’est l’action, sans avoir souhaité de vivre, sans connaître ni qui je suis ni même si je suis ». Pour lui, la vie ne se comprend qu’à travers un « dépassement chrétien » qui en s’ouvrant à la Grâce accomplit ainsi la destinée à laquelle chacun est appelé. Sa thèse est accueillie avec réticence, car elle propose de réintégrer l’analyse du fait religieux au coeur de la réflexion philosophique.

Maurice Blondel est un homme de conviction qui s’est engagé toute sa vie pour défendre la démocratie et soutenir ses amis résistants ou juifs. Il a poursuivi jusqu’à sa mort l’élaboration et la publication de ses oeuvres. Ce n’est qu’en 1937 lors du Congrès Descartes à la Sorbonne qu’il aura droit à une longue ovation qui reconnaissait enfin le rayonnement d’une oeuvre profonde et sincère.

Madame Coutagne a rendu hommage à Maurice Blondel à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de sa mort et nous a rappelé que notre confrère Maurice Flory était son petit-fils. Elle a montré toute son admiration pour celui qui, pour elle, est avec Bergson le plus grand philosophe de sa génération.

Communication,

Marie-Jeanne Coutagne

 

3. Portrait : Joseph Jacques Léon d'Astros, Docteur en Médecine et poète, par Jean Bonnoit

Joseph Jacques Léon d’ASTROS, Docteur en Médecine et poète.

 

           

 

 

Membre d’une grande famille provençale, Leon d’Astros nait à Tourves le 15 novembre 1780. En 1799, il s’inscrit à la faculte de me decine de Montpellier. Il est appele à Paris en 1801 par son oncle Étienne Portalis, ministre des Cultes et futur rédacteur du Code Civil ; il s’inscrit à la faculte de médecine de Paris, mais soutiendra sa thèse « Quelques conside rations sur les e me tiques » à Montpellier.

En juillet 1803, à l’a ge de 23 ans, il s’établit à Marseille où, en de cembre, il est nommé membre de la Société de Médecine, en mars 1804 médecin de la Miséricorde, et en avril de la même année, membre du jury de me decine. Mais il revient à̀ Tourves en 1806 comme médecin de campagne.

Au bout de quinze ans de pratique, il poursuit sa carrière à Aix devenant me decin des hospices de la ville, médecin des prisons, membre du jury médical des Bouches-du-Rhône. Médecin aixois dévoué, il lutte de façon remarquable contre les quatre épidémies de choléra qui ravagent notre ville entre 1835 et 1854. Il le contracte lui-même en 1835, en guérit et poursuit sa lutte. Il est membre du Conseil d’Hygiène du Département des Bouches-du-Rhône.

C’est l’un des membres fondateurs de notre Académie : membre des 1817 de la Société académique et naturellement membre titulaire de notre compagnie dès 1829 (19e fauteuil). Il en fut le Président de 1834 à 1836.

C’est un précurseur qui participe activement à la renaissance du Felibrige et pre side les deux premiers congrès des poètes provençaux « Roumavagi des Troubaïre » (Arles en 1852 et Aix en 1853).

 

Une rue de Marseille dans le 13e arrondissement porte son nom, et à Aix, une plaque rappelle son souvenir sur la façade de la maison où il s’e teignit, rue Cardinale, le 31 décembre 1863.

Son petit-fils, le professeur Marie-Jean-Léon d’Astros (1856-1938) fut le créateur de l’École pédiatrique marseillaise et le premier titulaire de la chaire de clinique infantile créée pour lui en 1904.

Jean Bonnoit

 

4. Tolstoï et les lettres françaises, par Jean Meyer

 

 

Du grand Léon Tolstoï, Boris Souvarine a dit que « si quelqu’un a puissamment contribué à déconsidérer l’armée, l’Église et l’État, c’est à coup sur un certain Tolstoï » (Boris Souvarine, Controverse avec Soljenitsyne, Paris, ed. Allia, 1990, p.19).

Le roman de Tolstoï, Résurrection, qui fit sensation en France, fut sa première grande oeuvre littéraire où il prêchait ce tolstoïsme qui fut condamné par l’Église et inquiéta fortement le gouvernement. Paul Boyer, russisant et titulaire de la chaire de russe de l’École des Langues Orientales, de 1891 à 1937, visita le comte Tolstoï, chez lui, à Iasnaïa Poliana, en 1901 et 1902 ; il publia dans le journal Le Temps, en août 1901 et novembre 1902, leurs entretiens sous le titre Chez Tolstoï.

J’ai choisi de citer ce qui a à voir avec les lectures françaises de Tolstoï. Quand Paul Boyer le visite pour la première fois, le médecin terminait son examen, car Tolstoï était souffrant :

« Je lui demande s’il a lu la « Prière » de Pascal sur le bon usage de la maladie. Il ne se la rappelle pas. Et bien vite il fait chercher le volume sur l’un des rayons de la bibliothèque, de cette riche bibliothèque dont son père, le comte Nicolas, a réuni les premières collections. Tolstoï tient dans ses mains le volume des Pensées, édition Didot. Lui-même il cherche la « Prière », et, quand il l’a trouvée, tend le livre à l’un de nous qui le lit à haute voix. Il écoute avec recueillement, et sans fatigue apparente, interrompant à peine de deux ou trois exclamations qu’il semble ne pouvoir contenir. Puis, la lecture finie : « Quel étrange mélange d’excellent et de mauvais ! Et comme Pascal se calomnie lui-même ! Ne pouvait-il pas se défendre de ces formules de théologie qu’on est tout surpris de retrouver chez lui ? Comment, la maladie signe de la colère de Dieu ! Non la maladie, ce n’est pas cela ! C’est autre chose ! » Tolstoï a pris le volume et le feuillette, s’arrêtant longuement sur le fragment connu « Incommodez-vous », qu’il lit à voix lente, et commente ingénieusement. »

Le deuxième jour, 30 juillet 1901, Tolstoï dit à Boyer :

« Parlons donc un peu de votre littérature d’à présent. Je ne la comprends pas toujours. Trop souvent elle me parait manquer des qualités qui sont le plus proprement françaises, la chaleur de conviction, l’ardeur du raisonnement, la clarté. Vos grands maitres du XVIIIe siècle, Voltaire, Diderot, Rousseau ont écrit tant de fortes pages, belles, utiles pour chacun, morales ! Que sont auprès d’eux vos « philosophes » de maintenant ?... Vraiment je trouve plus d’intérêt à lire les écrits des socialistes, des anarchistes surtout : on peut être ou ne pas être de leur avis, mais ce qu’ils disent a au moins le mérite de ne pas avoir été dit avant eux.

Et vos romanciers ne me satisfont guère plus… Vous écrivez trop de romans, aussi ! Et c’est si facile d’écrire un roman ! Il faudrait laisser ce petit jeu aux anciens ministres. »

« Avoir ou n’avoir pas de talent », ces mots reviennent souvent dans la bouche de Tolstoï, grand admirateur de Maupassant (il a écrit la préface pour la traduction russe de ses oeuvres). « Je voudrais aussi vous parler de vos poètes. Mais que vous en dire ? Je ne comprends plus. Avoir eu un Victor Hugo, un Musset, un Lamartine, et s’enthousiasmer pour ceux de maintenant ! Non, je ne comprends plus !... Stendhal, Balzac, Flaubert, oui, ceux-là ont été les vrais maitres. Et j’admire aussi Zola, le Zola des premiers romans, d’avant le Docteur Pascal, Tourgueniev le tenait en haute estime ; il avait raison… Mais qu’on ne me parle pas de l’évolution du roman, qu’on ne me dise pas que Stendhal explique Balzac, et qu’à son tour Balzac explique Flaubert. Tout cela, ce sont des inventions de critiques. J’aime beaucoup vos critiques français, ce sont les seuls que je lise… N’empêche que je ne partage pas leurs idées sur la succession Stendhal-Balzac-Flaubert. Les génies ne procèdent point les uns des autres : les génies naissent indépendants, toujours… Oh ! pour ce qui est de moi, je sais ce que je dois aux autres ; je le sais et je le dis ; aux autres, à deux surtout, Rousseau et Stendhal. On n’a pas assez rendu justice à Rousseau : on a méconnu la générosité de sa pensée ; on l’a calomnié de toutes manières ; j’ai lu tout Rousseau, oui, les vingt volumes, y compris le Dictionnaire de Musique.

Je faisais mieux que l’admirer. A quinze ans, je portais au cou son portrait en médaillon, comme une image sainte… Telles pages de lui me vont au coeur : je crois que je les aurais écrites.

Stendhal ! Je ne veux voir en lui que l’auteur de La Chartreuse de Parme et Le Rouge et le Noir ; ce sont là deux incomparables chefs-d’oeuvre. Et plus que nul autre, je suis son obligé : je lui dois d’avoir compris la guerre. Relisez dans La Chartreuse de Parme le récit de la bataille de Waterloo. Qui donc avant lui avait décrit la guerre comme cela, c’est-à-dire comme elle est réellement ? Rappelez-vous Fabrice traversant la bataille sans il n’y comprendre « rien du tout » et comme lestement les hussards le font passer par-dessus la croupe de son cheval, de son beau « cheval de général » ? Plus tard, au Caucase, mon frère, officier comme moi, m’a confirmé la vérité de ces descriptions de Stendhal ; il adorait la guerre, mais il n’était point de ces naïfs qui croient au pont d’Arcole. « Tout cela, me disait-il, c’est du panache et il n’y a point de panache à la guerre. » Très peu de temps après, en Crimée, je n’eus qu’à regarder pour voir de mes propres yeux. Mais, je le répète, pour tout ce que je sais de la guerre, mon premier maitre c’est Stendhal. »

Et Paul Boyer de noter : « Et c’est ainsi que parle l’homme qui a écrit La Guerre et la Paix. »

Jean Meyer, copiste.

Depuis Mexico

 

5. Les tambourinaïres aixois, par Christian Dureuil

 

 

 

 

 

Les deux photos rappellent que les compagnies de tambourinaires ne manquaient pas à Aix au début du siècle dernier, chacune portant un nom fleurant bon la Provence : « lei tambourinaires sextien », « lei tambourinaires de Mireïo » è « lei tambourinaires Cacalian »

(Sobriquet des habitants d’Aix dérivé du verbe cacaleja signifiant caqueter : F. Mistral, Lou Trésor dou Félibrige, Tome I, p.407).

Tambourin et galoubet étaient maniés par un même exécutant qui, de la main droite tenait la baguette (masseto) pour frapper la peau, fabriquée le plus souvent avec de la peau de chien et de la main gauche soufflait dans la petite flûte à bec

nommée aussi flutet : J.B. Agnel, Le Tambourin et le Galoubet, Revue « En Provence », juin1923, p.32 et s.

Nous devons au félibre aixois François Vidal, membre de l'Académie de 1879 à 1911, un ouvrage rare et remarquable consacré au tambourin (Lou Tambourin-A-Z-AIS-En Avignoun-1864, in-8, 299p.).

 

François Vidal y expose « dans une élégante prose provençale coupée de vers, l'histoire et la théorie de l’instrument cher aux méridionaux » : Bruno Durand, Encyclopédie Départementale des Bouches-du-Rhône, Tome VI, p.257.

Christian Dureuil

 

6. Hommage à Emmanuel Sechiari, par Bernard Mille :

 

 

 

Camarade de classe d’Emmanuel Sechiari, en Primaire, à l’école Saint Joseph, 16 cours, Saint Louis à Aix, j’ai eu la chance de le cotoyer ce qui signifie d’apprécier particulièrement sa gentillesse et son calme légendaires. La preuve en est donnée par cette photo de classe, prise alors que nous étions en onzième et où je suis placé à côté de lui, au premier rang. Il ne vous aura pas échappé qu’il tient en mains l’ardoise sur laquelle sont inscrites les informations essentielles « 11e, 1954 ». C’était, en principe, l’un des élèves les plus sages qui était chargé de cette mission, auréolée d’honneur ! Personne n’aurait remis en cause le choix de sa personne !

C’est dans le même établissement que je dirigeais à ce moment-là que je l’ai retrouvé, quelque trente ans plus tard, lorsqu’il y a inscrit comme élèves, deux de ses enfants : Pierre et Caroline. Cette dernière a suivi mes cours de Français, au collège, avec les mêmes qualités que son père.

Si Sabine, son épouse, assurait la relation quotidienne et participait aux rencontres parents-professeurs, ce qui m’a permis d’apprécier particulièrement son entrain et sa sérénité jamais mise en défaut, nous nous rencontrions aux moments les plus importants, pour les démarches de foi ou les décisions d’orientation et je le retrouvais tel que je l’avais connu !

Ayant quitté la direction de l’institution, j’ai compté au nombre de mes élèves, au Lycée du Sacré-Coeur d’Aix, son fils Pierre, même calme, même sourire énigmatique, même fidélité.

Emmanuel

Pour avoir connu, par ailleurs, chacun de leurs quatre enfants, je peux affirmer avoir découvert, en chacun, une inépuisable mine de délicatesse héritée de ce couple si attachant.

Nous avions eu la joie de voir revenir Emmanuel à l’Académie, l’an dernier et il avait le projet de nous entretenir de Peiresc. Il avait sollicité ma collaboration pour la mise en forme du power point, malheureusement ce projet ne devait pas se réaliser. Ma prière et mon affection accompagnent dans l’Espérance, cet ami si estimé et sa famille si attachante.

Bernard Mille

2e vice-président de l’Académie

 

7. Emmanuel Sechiari : souvenirs d'un défenseur exemplaire du Patrimoine,

par Pierre Dussol

 

 

Emmanuel Sechiari nous a quittés récemment et en quelque sorte par surprise, alors qu’une intervention chirurgicale réussie donnait l’espoir d’une guérison.

Nous regrettons tous le confrère à l’humeur avenante et égale, mais aussi l’ami, avec qui nous menions le difficile combat pour la préservation de notre Patrimoine.

J’ai découvert Emmanuel au début des années quatre-vingt quand il m’a demandé mon aide pour l’une des premières opérations conduites par lui-même, de restauration de sa magnifique bastide familiale de La Mignarde aux Pinchinats. En tant qu’Adjoint à l’Urbanisme de la municipalité de l’époque, j’avais pu l’appuyer avec plaisir et lui apporter l’aide de l’Architecte des Bâtiments de France. Celui-ci, Jean-Paul Louvet, savait que son rôle règlementaire devait être au service de la préservation et de l’embellissement des lieux historiques avec capacité de suggestion, amour des lieux et persévérance dans le suivi des dossiers.

Faire connaissance avec un Aixois cultivé et raffiné n’est heureusement pas rare, mais quand l’origine de la rencontre est un austère dossier d’urbanisme et que le propriétaire sait l’aborder avec une légèreté élégante allant parfois jusqu'à la malice, l’événement reste dans la mémoire.

Si l’on peut écrire, Bastide et Jardin s’en souviennent pour le plus grand bonheur des habitants des lieux et des visiteurs.

Depuis, le « dossier La Mignarde» s’est transformé en amitié et la vie évoluant nous avons diminué nos activités professionnelles pour nous consacrer chacun à notre façon à la défense du Patrimoine.

L’un des derniers plaisirs que nous avons partagé est d’avoir pu faire que les abords des bâtiments historiques soient tout aussi protégés que ces bâtiments eux-mêmes. La Vallée des Pinchinats, nous pouvons l’espérer, conservera son caractère.

Emmanuel, outre son activité d’entretien et de restauration de sa demeure, sobre et belle, s’est investi dans l’Association « La Demeure Historique » dont il était Délégué Régional pour la Provence, fortement appuyé par son épouse Sabine.

Il avait adhéré à l’idée que les associations de défense du patrimoine unissent leurs efforts et leurs réseaux. L’amitié facilitait ainsi la coopération avec les Vieilles Maisons Françaises, Marie-Ange Rater, une autre amie étant Présidente Régionale, et avec l’Association pour la Restauration et la Sauvegarde du Patrimoine Aixois (ARPA), dont je suis président.

L’une des plus jolies images dont nous avons le souvenir est l’accueil des Journées de travail de la Demeure Historique par Emmanuel, à La Mignarde. Il savait par son affabilité jamais prise en défaut et sa créativité intellectuelle non seulement défendre le Patrimoine mais aussi et surtout les valeurs qui l’accompagnent : respect du travail des anciens, devoir de transmission, sens esthétique, solidarité face aux attaques fiscales dont l’Impôt sur la Fortune Immobilière est la plus récente et certainement la plus inopportune.

Les dossiers ne sont pas faciles à traiter et les apports des journées de travail venaient des experts invités, tous compétents et clairs. La coordination aimable et organisée de notre ami contribuait à la satisfaction d’avoir oeuvré efficacement pour « notre cause ».

En prime, si l’on peut dire, l’humour d’Emmanuel était pince sans rire, ce qui est considéré comme le meilleur par les spécialistes. J’ose à peine écrire que nous sympathisions pleinement sur ce registre en nous efforçant d’élever constamment notre niveau.

La Mignarde restera, Emmanuel est parti, mais tous ses amis sauront avoir une mémoire aussi longue que celles de nos vieilles pierres et de nos jardins éternels.

Pierre Dussol

 

8. Annonces et liens utiles

 

 Le Président et toute l'Équipe du Château de Lourmarin :

" Nous ouvrirons nos portes le jeudi 21 mai à 10 heures, avec joie ! "

e Président Max Michelard nous informe que nous venons de recevoir un arrêté préfectoral du 18 mai 2020 autorisant l'ouverture du Château aux visiteurs.

L'équipe du château, dans l'attente de cet arrêté, avait pris les mesures nécessaires vis-à-vis du public dans l'esprit des textes réglementaires.

 Pour ceux que cela intéresse nous vous recommandons de regarder les excellentes présentations mises en ligne par l'Académie de sciences sur les grands sujets liés à la pandémie :

https://www.youtube.com/watch?v=OCvDDlBD7yk&t=102s

 La mairie d’Aix donne deux masques par Aixois :

http://www.aixenprovence.fr/La-Ville-donne-deux-masques-par-Aixois

Pour protéger la population en vue du déconfinement du 11 mai, la Ville d’Aix a commandé à une entreprise du territoire 300 000 masques en tissu lavables et réutilisables respectant les normes de l’AFNOR, l’Association Française de NORmalisation.

 Académie d'Angers, nouveau site web :

https://sites.google.com/view/academie-angers/